A Bogny-sur-Meuse, quartier de Château-Regnault, rive gauche de la Meuse, face aux 4 Fils Aymon, le vallon de la « Grosse Boutique » est un lieu unique pour retrouver le passé métallurgique des Ardennes. Ainsi, faire le parcours du circuit de la « Grosse Boutique », c’est aller à la rencontre du passé des hommes et des femmes de la boulonnerie au travers de témoignages très marquants.
La Grosse Boutique à son apogée :
A la veille de 1914, la « Grosse Boutique » est la plus importante boulonnerie des Ardennes, voire de France, avec plus de mille salariés. Edifiée en deux périodes (1854-1858 et 1865-1877), elle a acquis sa physionomie définitive après l’incendie de 1891. Depuis 1885, elle était reliée par une voie ferrée privée (2 km de longueur et un tunnel sous l’Hermitage) à la ligne Charleville-Givet.
Trois Patrons, Trois Générations :
Le château patronal
Construite au début du 20ème siècle, cette demeure hétéroclite avec un haut toit surmonté d’un faîtage ouvragé a disparu après la Grande Guerre. Ce château témoignait de la réussite de l’ascension sociale des Joseph, Maré et Gérard. Il marquait aussi leur emprise sur le vallon et le bourg de Bogny-Château-Regnault. Alexandre Joseph et Alexandre Maré exercèrent successivement la fonction de maire de 1852 à 1888. Le dernier remplit aussi le mandat de conseiller général de 1893 à 1901.
Trois créations paternalistes
La cité de l’Echelle : pour conserver les ouvriers, il fallait les loger. De 1882 à 1892 et 1902 à 1911, 115 maisons et 54 autres furent respectivement construites. La cité de l’échelle se distingue par deux alignements de maisons en vis-à-vis qui épousent la pente et font autant de barreaux que ceux d’une échelle.
Les magasins généraux : aux magasins généraux, commerce de la « Grosse Boutique », les marchandises étaient vendues contre des jetons fournis par l’usine qui faisait ensuite des retenues sur salaires.
La crèche Alexandre Joseph : elle fut inaugurée le 3 décembre 1898 en présence du Préfet et de 120 invités. Elle fut confiée à 5 religieuses qui s’occupaient des bambins des ouvrières.
Les ouvriers
Hommes, femmes et adolescents de la « Grosse Boutique » posent pour la photo. A remarquer l’importance de la main d’ouvre féminine dans la boulonnerie et les caractéristiques vestimentaires propres à la classe ouvrière. Au printemps 1885, une grève avait éclaté pour la défense du droit syndical. Avec la venue de J.B Clément, elle eut un retentissement national. Elle marqua la naissance des mouvements ouvriers et socialistes dans la « Vallée ».
Un boulonnier au travail
Dans le dernier tiers du 19ème siècle, le forgeage de la tête du boulon à chaud se mécanise avec la presse à friction. Elle remplace le travail sur une enclume munie d’un marteau mobile portant une matrice à la forme de la tête du boulon à obtenir, la rabatteuse.
Atelier de taraudage
Dans cet atelier, des femmes travaillent sur des tarauderies ardennaises. Avec ces machines, elles filetaient la tige du boulon et taraudaient l’écrou en même temps grâce à un système appelé le « pousse-cul » qu’elles actionnaient en balançant leurs hanches.
La « fin » de La Grosse Boutique
La « Grosse Boutique » fut démolie en 1970 pour laisser place au collège Jules Ferry. Il reste sur le site, une fabrique d’écrous, l’actuelle usine Cousin Malicet.